SENACC 2022 / RESSOURCES EN EAU ET EROSION COTIERE, UNE DIFFICULTE POUR CERTAINS PAYS
« Adaptation aux changements climatiques : entres réflexions scientifiques, politiques, publiques et engagements du secteur privé pour des réponses innovantes ». C’est autour de ce thème central que s’est déroulé le séminaire national sur l’adaptation aux changements climatiques en Côte d’Ivoire organisé par le PNUD et le ministère de l’environnement, du lundi 16 au jeudi 19 mai 2022 à l’espace Latrille Events. Quelques-uns des panélistes ont relaté les difficultés auxquelles sont confrontés leurs pays respectifs, cause du changement climatique.
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D’abord le Professeur IFE BALOGUN du Département de météorologie et des sciences du climat, École des sciences de la terre et des minéraux, Université fédérale de technologie, Akure, a parlé des répercussions qu’a subit le Nigeria face au retrait du lac Tchad.
« Comme l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne, le Nigéria est particulièrement touché par les effets du changement climatique mondial qui se manifeste principalement par un dérèglement du rythme, de la quantité des précipitations et une hausse de la température moyenne de 1,6°C en un siècle, ce qui entraine désertification et inondations. Chaque année, depuis 2018, est en moyenne plus chaude que l’année précédente. Sans compter les plans d’eau asséchés, l’avancement du désert, l’érosion des côtes, le déplacement des pluies et le dérèglement pour les cultures. Cependant, la plus grande difficulté présente actuellement est à disparition du lac Tchad qui était la plus grande étendue d’eau du continent africain. Il est en train d’avoir un énorme impact sur les populations environnantes. Le lac Tchad a diminué de 95 % entre 1963 et 1998. Du fait de son assèchement, la grande majorité des fermiers et des bergers ont émigré vers des régions plus vertes où ils sont en compétition pour les ressources de la terre avec d’autres communautés déjà présentes, ceci déclenchant des confrontations dans les environs de la ville de Jos et en d’autres lieux. Certains ont émigré à Kano, Abuja, Lagos et d’autres grandes villes et vivent de travaux domestiques ou de petits boulots dans l’économie informelle.«
Ensuite, ROKIATOU TRAORE (co-fondatrice d’ HEROU ALLIANCE) du Mali pour sa part, a exposé les difficultés que traverse son pays à cause de la sécheresse.
« Le changement climatique frappe les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. Les agriculteurs et autres communautés sont malheureusement incapables de faire face au changement climatique. Au nord du Mali, à 80 kilomètres de Tombouctou, le lac Faguibine a commencé à s’assécher depuis les années 1970 suite à de longs épisodes de sécheresse, de plus en plus dévastateurs ce qui poussent la population à l’exode. De vastes étendues d’eau et de terres cultivables, alimentées dans le passé par les crues du fleuve Niger, ont peu à peu laissé place à des dunes de sable. Les habitants doivent désormais compter avec une saison des pluies de trois mois, entre juillet et septembre. Le reste du temps, la température approche les 50 degrés. Les conséquences dans les six communes qui entourent le lac sont dramatiques : le retrait des eaux a provoqué l’arrêt de la pêche et la chute des activités pastorales et agricoles. Le sable avale les habitations des villages de Bilal Bancor, Bintagoungou et Mbouna. Cette raréfaction des terres et des pâturages est la source de disputes persistantes entre agriculteurs et éleveurs. La coupe des derniers arbres aggrave l’érosion et l’asséchement des sols. Mais cette activité est parfois tout ce qu’il reste à certains pour survivre. Depuis que le lac a tari, un gaz émanant du sol brûle les quelques arbres qui restent dans les environs. Il rend la terre incultivable. La couleur de notre terre a changé. Tantôt rouge, tantôt noire, tantôt des grains. Le gaz a brulé toute la terre et les arbres. La pauvreté s’installe et la jeune génération n’a pas d’autre choix que de quitter les villages de la région. Aujourd’hui, la sécurité alimentaire et la survie économique des villages riverains est en jeu. » a t-elle déploré.
Enfin, MAMMA SAWANEH (économiste de l’agriculture et du changement climatique et coordinateur scientifique du WASCAL en Gambie relate leurs peines face aux érosions côtières.
» La Gambie est vulnérable au changement climatique bien qu’elle soit l’un des pays qui polluent le moins. La montée de la mer met en danger les cultures, notamment les rizières. Ici dans le sud de la Gambie, le long de la frontière avec le Sénégal, l’océan avance inexorablement. Chaque année, la mer avance petit à petit », et si ça continue, ça va aller jusqu’aux rizières. C’est catastrophique ». Les effets les plus néfastes se manifestent au niveau environnemental, particulièrement par les fortes pluies, l’élévation des températures, les inondations et au niveau social à travers l’insécurité alimentaire, les maladies, et les conflits fonciers. Le changement climatique est une réalité pour ces populations. Depuis quelques années, plusieurs phénomènes météorologiques extrêmes ont balayé le pays. Nous avons affronté des tempêtes qui ont causé d’énormes dégâts. Ce qui n’était jamais survenue auparavant. Ses tempête sont déraciné des arbres, arraché des toitures et endommagé notre réseau électrique. Toutefois, pour enrayer cette montée des eaux, les autorités multiplient les actions : des cocotiers sont plantés par milliers sur les plages et des rochers sont empilés le long des complexes hôteliers. «
Belphine Konan