Dealer de drogue à 15 ans, Christ m’a délivré

« J’étais une vedette dans le milieu de la drogue au Plateau Dokui, et on ne se cachait pas. Presque  tout le monde nous connaît ici. J’ai 22 ans, j’ai commencé à fumer la drogue à l’âge de 15 ans » avoue E.T. A travers ce témoignage, il relate son calvaire dans ce milieu vicieux et comment le Seigneur Jésus-Christ l’en a délivré. Lisons.

Tout a commencé suite à la séparation de mon père d’avec ma mère. Chacun d’entre eux s’est remarié. Je vivais donc avec ma mère à Grand Lahou vu que je ne m’entendais pas avec ma belle-mère. En effet, lorsque j’allais chez mon père pour les vacances, elle faisait des choses que je n’appréciais pas. Elle accordait un traitement de faveur à ses enfants et à nous, du mépris. Ses enfants ne touchaient à rien dans la maison tandis que mon frère et moi avions à charge tout le ménage de la maison. Souvent dès 6h, c’est avec les coups de pieds qu’elle nous réveillait pour le nettoyage du salon pendant que ses enfants faisaient la grâce matinée. J’avais environs 12 ans à l’époque. Toutefois, Il est arrivé des fois où j’avais refusé de faire les travaux, car pour moi, c’était une injustice ; et mon grand frère me soutenait.

Nous étions issus d’une famille car notre père avait les moyens, c’est-à-dire qu’il avait de l’argent. Mon père était un gendarme, adjudant-chef à la présidence à l’époque. Mais vu que sa femme nous maltraitait, on vivait dans des conditions pénibles ; au point où nous avions du mal à avoir de quoi manger. Ainsi, mon frère et moi étions obligés de voir des amis qui nous donnaient de la nourriture. Une année, mon frère aîné est allé à Gagnoa pour poursuivre ses études et je suis resté seul. Je devais affronter seul les difficultés et me battre comme je pouvais. J’avais environs 17 ans et j’avais une copine qui s’occupait de moi.

Mon initiation à la drogue a perturbé ma scolarité

Au lycée à Grand Lahou, étant en classe de 6e, j’étais le premier de ma classe avec 15 de moyenne. Quelque temps après, j’ai commencé à m’adonner aux jeux de rue à savoir, ‘‘Konami’’, Poker. Souvent me remettait 1000 à 2000 francs comme argent de poche, mais dans les jeux je gagnais plus d’argent, j’avais en moyenne 20 000, 30 000 à 50 000 francs par jour. Des amis venus d’Abidjan, adeptes du rap, nous ont initiés à la drogue dès leur arrivée au Lycée. On désirait également faire du rap et s’est ainsi qu’on a rejoint leur groupe. On a donc commencé à fumer la drogue. De ce fait, j’ai commencé à négliger mes études, vu l’argent que je gagnais. Je n’allais plus aux cours. Au deuxième trimestre, j’ai comptabilisé 185 heures d’absence. Notre professeur de maths, me connaissant comme son meilleur élève en mathématiques, a approché le mari de ma mère pour lui fait cas de la situation. A entendre cette nouvelle, ma mère  était complètement abattu. Le professeur s’est adressé à eux en ces termes : « votre fils très intelligent mais il ne vient plus à l’école qu’est ce qui se passe ou bien vous le maltraiter à la maison ? ». Suite à cela ma mère s’est mise en colère et m’a dit ceci : « peut-être qu’ici tu n’es pas à l’aise, tu vas aller chez ton papa. » cette idée me déplut étant donné que j’avais passé toute mon enfance à Grand Lahou. J’ai donc exprimé à ma mère mon refus d’aller à Abidjan, car lui promettant de changer d’attitude. En ce moment, j’avais redoublé ma classe de sixième. Mais vu que je fréquentais les mêmes amis, j’ai renoué avec mes mauvaises habitudes. Fâchée et déçue, ma mère m’a amené chez mon père à Abidjan pendant les vacances scolaires.

Ma venue à Abidjan

Je suis donc arrivé à Abidjan chez mon père. La rentrée étant arrivée, il a refusé de payer mes cours. Je suis resté ainsi et j’ai géré une salle de jeux vidéo. L’année suivante, mon père a encore refusé de m’inscrire. Je lui ai fait savoir que j’avais pris conscience afin de ne plus les décevoir. Toutefois, il a maintenu sa position. Malgré que mon cursus scolaire se soit vu arrêté en classe 6e, toutes les fois que mes sœurs en classe de 3e revenaient de l’école, je prenais leurs cahiers pour étudier leurs leçons. En fin d’année, je connaissais pratiquement tout le programme de 3e. J’ai même demandé à mon  père de m’inscrire en 3e  en lui promettant le succès au BEPC. Peine perdue, il a refusé malgré mon insistance.  

Alors j’ai compris qu’il n’y avait plus d’espoir pour moi et j’ai décidé de me livrer à la rue pour avoir de quoi payer ma scolarité et passer le BEPC.  J’ai géré une salle de jeux vidéo ; qui a fermé par la suite à cause d’un braquage. J’étais découragé et je me suis à nouveau retrouvé à la maison à ne rien faire. Alors, j’ai décidé de jouer aux jeux au hasard. Je gagnais en moyenne par jour 2000 à 5000f.  

Ma vie de dealer

Depuis ma venue à Abidjan précisément au Plateau Dokui où vit mon père, et j’ai remarqué que la plupart des jeunes menaient la même vie de débauche que je vivais à Grand-Lahou : alcool, drogue et femmes. J’ai ainsi cédé à la tentation. Et pendant que je broyais du noir, me débattant pour survivre, j’ai remarqué qu’un grand frère du quartier s’en sortait bien dans son activité. C’était le premier dealer à l’époque. On était même cousin, et il vendait de la drogue dans le quartier. Une fois, aux jeux de rue, j’ai gagné beaucoup d’argent et je me suis donc approché de lui.  Je lui ai demandé comment il faisait pour s’en sortir si bien. Et Lui de me répondre que c’était cent pour cent de bénéfice dans son business. Je lui ai demandé ses points de ravitaillement et il m’a répondu : « petit faut laisser, tu es trop jeune ». J’avais presque 16 ans. Chaque fois que je le voyais, je l’importunais pour découvrir le moyen de m’approvisionner. Voulant à tout prix savoir, je me renseignais auprès des  jeunes qui nous vendaient la drogue, car moi-même, j’avais commencé à fumer à nouveau. C’était du cannabis. Mais, tous me ramenaient vers le grand frère.  Un jour, j’échangeais avec un ami, qui selon moi ne touchait pas à ces substances. Et ce dernier m’a révélé que c’est lui que le grand frère envoie pour s’approvisionner. Sa rencontre fut un sésame pour moi. Il  m’a d’abord conduit dans un fumoir à Abobo, puis dans un autre à  Adjamé.  

Après plusieurs achats en compagnie de ce dernier, j’allais désormais seul pour m’approvisionner en vue de ravitailler mes clients. J’étais de venu le  seul revendeur de drogue dans le quartier, car mon cousin avait arrêté. Le terrain de basket était notre point de rencontre, à cause des rappeurs qui y venaient pour jouer. C’était notre ghetto. La devanture de l’école, le rond-point et le petit marché étaient des points fixes. Les gens venaient un peu de partout pour me voir. De  2011 à 2015, j’étais le chef au Dokui. On m’appelait ‘‘vieux père’’, ‘‘Le royco’’, ‘‘deux caniches’’ parce que j’avais des caniches. Quand tu vends la drogue tu es comme un grand frère pour les clients. Il y a des élèves même qui venaient tôt le matin et fumaient avant de partir à l’école. En tout cas, il plusieurs écoles étaient mes points de livraison. J’avais affaire à des accros, donc par jour, je gagnais en moyenne 80.000f. Je précise que ce n’était pas toujours facile, car il fallait être un bon bagarreur pour récupérer son dû. 

Lorsque j’apercevais les patrouilles du CCDO, j’orientais mes clients hors du quartier. Souvent mon portable crépitait à des heures tardives. Quand je recevais ces coups de fils, il se réveillait et me posait beaucoup de questions. Alors, je devenais désagréable et nos échanges étaient houleux.

Épinglé par les forces de l’ordre

En 2015, Un matin à 7h, mon sommeil fut interrompu par un coup de fil. Il s’agissait  d’un étudiant de l’université de cocody. La veille, il m’avait envoyé un message pour passer sa commande. Il souhaitait fumer un peu de drogue avant d’aller au cours. Ce jour-là, on s’est croisé derrière chez moi, aux cacaoyers. Alors que je m’y attendais le moins, j’ai vu les agents du CCDO se diriger vers nous, au bout des différents  couloirs. Je me suis rendu compte qu’on était pris au piège, car ils nous avaient encerclés. J’avais beaucoup de drogue dans ma poche ce jour-là. Alors, sans perdre le temps, j’ai rapidement avalé une bonne quantité et j’ai enterré le reste dans la boue, car il avait plu.  Ils m’ont interrogé et ont tout fait pour m’imputer le fait que j’étais un toxicomane. Niant cela, j’ai eu de vives altercations avec eux. Mais quand ils m’ont fouillé, ils ont trouvé des papiers dans lesquels on fumait la drogue. J’avais oublié de m’en débarrasser. Ces papiers servaient à emballer le cannabis avant de le fumer, et les forces de l’ordre connaissaient ce type de papier.

Ils m’ont donc arrêté et au moment où ils m’embarquaient, mon papa m’a vu.  Alors, il s’est présenté à eux et comme c’était leur supérieur, ils m’ont relâché.  Mais, mon père a dit : « ne vous gênez-pas attraper le.  Il est trop têtu quand je lui parle, il ne m’écoute pas ». Alors sur ces paroles, ils m’ont embarqué dans leur cargo en destination pour Abobo. Et quelques heures plus tard, des oncles sont venus plaidés et on m’a libéré.

La soif de s’enrichir m’a conduit chez des marabouts

Après cet épisode de l’arrestation,  j’ai stoppé un peu la vente de drogue. Et j’ai rejoint des amis brouteurs. On désirait ardemment devenir riches afin que les hommes nous respectent. Après nos investigations, on nous a recommandé un village  du grand Nord.  Dans ce village, il y avait deux marabouts : un ivoirien et un béninois. Apres les civilités, le marabout ivoirien m’a dit : « pourquoi tu veux signer un pacte pour avoir de l’argent ? Laisse tes amis le faire, mais toi retourne à Abidjan.  Dieu est avec toi, et sache que la vie est dure, donc il faut te battre. Tu as du talent tu peux chercher donc ne suis pas tes amis faut chercher pour toi-même, tu dois manger à la sueur de ton front ». Le rituel consistait à sacrifier une personne de notre famille. J’ai donc décidé d’écouter ce marabout et je suis rentré, abandonnant mes amis dans ce village.

En fin 2016, mon père ayant pris sa retraite, a décidé de s’installer à Gagnoa. Alors, j’ai préféré aller vivre chez ma mère à Abobo. Ce n’était pas facile car m’a mère s’opposait farouchement au fait que j’aille saluer mes amis du Dokui. Je m’entêtais, et je prenais souvent son argent pour aller passer quelque jours au Dokui afin de fumer la drogue, puis je revenais.

Ma rencontre avec le Seigneur

J’ai rencontré des évangélistes qui m’ont présenté l’évangile. J’ai retenu que Jésus était venu pour les méchants, les pécheurs, et en l’acceptant comme ami et Sauveur toutes nos transgressions ou péchés sont effacés. Au début, je considérais cela comme du business ; c’est-à-dire qu’ils viennent recenser pdes fidèles pour avoir de l’argent. Donc le dimanche, je suis allé dans la mission des disciples d’Abobo. Ce jour-là, la prédication de l’homme de Dieu tournait autour de ma vie, alors qu’il ne me connaissait même pas. Il s’exprimait en ces termes : « toi qui vivait dans la masturbation, dans la cigarette, dans la débauche, dans la drogue, qui sortait avec les filles qui se livraient à la prostitution ». Je me suis dit : « donc les pasteurs là quand on dit que ce sont des menteurs là donc c’est vrai alors. Les gars lui ont dit que je suis là donc il est entrain de mentir maintenant ».  Le culte étant fini, ils ont demandé aux nouvelles personnes de se tenir debout pour faire leur connaissance. Je me suis levé et je me suis présenté. Après cela, ils nous ont informés que le pasteur souhaitait avoir  un petit entretien avec nous. Je n’approuvais pas cela, prétextant que mes amis attendaient. Or, je voulais aller vite fumer de la drogue au Dokui avant de rentrer.  Vu mon impatience, le pasteur m’a reçu en premier. Une fois dans son bureau, je lui ai dit ceci : « monsieur svp parlez vite car je dois rentrer ». « C’est comme ça tu t’adresses à un homme de Dieu ? », a-t-il répliqué étonné. Et j’ai ajouté ceci : « moi-même je suis homme de Dieu parce que la Bible déclare que l’homme est un petit Dieu ». Il m’a donné beaucoup de messages, et il m’a dit : « tu veux que Dieu se révèle à toi, il faut gêner 3 jours ». Considérant cela comme un défi, j’ai décidé de le faire. Le troisième jour à minuit, j’ai fait un songe où j’ai vu un homme avec des épines en forme de couronne sur la tête.  Puis, il a plu du sang. Le matin j’ai expliqué le songe à ma sœur en lui disant : « mais votre pasteur c’est un mystique ou bien ? »  Elle m’a répondu que c’est une vision que Dieu m’a montré. Alors, j’ai décidé d’expliquer le songe à d’autres hommes de Dieu dans le quartier. Et tous m’ont donné les mêmes explications. Ce songe était un signe de repentance selon ce qu’il paraissait. Jésus s’était révélé à moi pour que je me repente de mes péchés. Mais, je n’étais trop convaincu et j’ai continué à interroger d’autres hommes de Dieu. Toutefois, c’est la même version qu’ils me donnaient.

Ma nouvelle vie

Ma mère m’a dit que la vie était un choix et que seuls les imbéciles ne changeaient pas. Donc pour ma part, si je ne change pas, je deviendrai ‘‘microbe’’. « Si tu te repentis, Dieu va t’utiliser ». Cette phrase ne cessait de  me revenir à l’esprit. Avec l’enseignement que j’ai reçu, j’essaie de ramener mes amis sur le droit chemin. Parce que Dieu n’est pas dans la religion, Jésus 100 % homme et 100% Dieu. Dieu s’est incarné en nous et par lui nous avons la vie éternelle. J’ai arrêté de fumer la drogue et de boire. Quand je viens souvent au Dokui, ils disent : « eh pasteur, homme de Dieu c’est comment ? » Je les fais comprendre que je ne suis pas pasteur, mais un chrétien qui essaie de ranger sa vie. Je fais même des statuts sur Facebook pour les motiver et les édifier. De la même manière que j’étais zélé pour le mal, j’ai compris qu’il faut être plus zélé pour Jésus-Christ. En 2016, j’ai réussi à l’examen du BEPC que j’ai passé en candidat libre à Grand-Lahou. Et j’ai commencé à donner les cours à domicile. en 2017, j’encadrais l’enfant d’une directrice d’école primaire. Cette dernière m’a dit qu’ils cherchaient un stagiaire dans son école. J’ai fait six mois de stage, après cela l’inspecteur est venu et j’ai été évalué. Et pour cette année scolaire 2018-2019, j’ai été recruté en tant qu’enseignant du primaire. Je dis grand merci au Seigneur Jésus-Christ, car grâce à Lui m’a vie a changé. Je dis merci à ma mère et tous ceux qui m’ont soutenu.

Par Saint Apollos